Triche, mensonge, propagande et astroturfing

Dérivé d’AstroTurf, une marque de moquette synthétique conçue pour ressembler à de l’herbe naturelle, l’astroturfing est une pratique qui consiste à dissimuler les sponsors d’un message ou d’une organisation (politique, publicitaire, religieuse ou de relations publiques,commerciale, etc.) pour faire croire qu’il provient de participants de la base et qu’il est soutenu par eux. Il s’agit d’une pratique prévue pour assurer de la crédibilité aux déclarations ou aux organisations en dissimulant des informations sur les initiateurs. L’astroturfing, pour donner à sa propagande une impression de naturel, s’appuie sur des procédés manuels de communication ou des aides algorithmiques. Ce qui compte…..c’est de berner le public !

Ce concept est aussi connu sous d’autres noms :

• Similitantisme
• Contrefaçon de mouvement d’opinion
• Désinformation populaire planifiée
• Désinformation populaire orchestrée

L’astroturfing utilise des techniques de propagande, qu’elles soient manuelles ou algorithmiques, à des fins publicitaires, politiques ou de relations publiques. L’implication derrière l’utilisation de ce terme est qu’au lieu d’un « véritable » ou « naturel » effort de la base derrière l’activité en question, il y a une « fausse » ou « artificielle » apparence de soutien.

En sciences politiques, l’astroturfing est défini comme le processus visant à obtenir une victoire électorale ou un redressement législatif des griefs en aidant les acteurs politiques à trouver et à mobiliser un public sympathique, et est conçu pour créer l’image d’un consensus public là où il n’y en a pas. L’astroturfing est l’utilisation de faux efforts de la base qui visent principalement à influencer l’opinion publique et sont généralement financés par des sociétés et des entités politiques pour former des opinions.

Sur Internet, les astroturfers utilisent des logiciels pour dissimuler leur identité. Il arrive qu’une personne utilise plusieurs pseudonymes pour donner l’impression d’un large soutien au programme de son client. Certaines études suggèrent que l’astroturfing peut modifier les points de vue du public et créer suffisamment de doutes pour empêcher toute action. Cette technique permet à de puissants lobbyistes, mouvements politiques et personnes d’influence d’activer de petits groupes de citoyens pour leur donner une importance exagérée dans les débats sur les politiques publiques.

Dans l’Union européenne, la directive sur les pratiques commerciales déloyales exige que le contenu éditorial payé dans les médias indique clairement qu’il s’agit d’une publicité sponsorisée. En outre, elle interdit aux personnes ayant un lien matériel de faire croire aux lecteurs qu’ils sont des consommateurs ordinaires. Même si de nombreux pays disposent de lois interdisant les pratiques d’astroturfing, il arrive malgré tout, souvent,  que le procédé soit utilisé dans différents domaines.

Quelques exemples : 

• En 2018, lors de l’affaire Benalla, les partisans d’Emmanuel Macron se réfèrent à une étude de Désinfo Lab pour suggérer que l’émotion publique autour de l’affaire pourrait être une opération d’astroturfing orchestrée par la Russie dans le but de déstabiliser le gouvernement. Cependant, plusieurs études concurrentes démontrent qu’il s’agissait en réalité d’un mouvement spontané, soulignant ainsi la difficulté d’attribuer des actions en matière d’astroturfing et de désinformation.
• En 2008, McDonald’s admet que 1 000 personnes ont été payées pour faire la queue lors du lancement d’un nouveau format de hamburger.
• En réponse à l’adoption de la législation antitabac aux États-Unis, Philip Morris, Burson-Marsteller et d’autres protagonistes du secteur du tabac ont créé la National Smokers Alliance (NSA) en 1993. De 1994 à 1999 La NSA a lancé une campagne de relations publiques agressive dans le but d’exagérer l’apparence du soutien de la base aux droits des fumeurs.

Conclusion : ne prenez pas la fausse moquette pour de la vraie herbe !